Fast Fashion: ce cancer qui ronge la mode
- nadia
- 22 mai 2020
- 4 min de lecture
Les dangers de la fast fashion, on en parle de plus en plus dans les médias et les groupes de slow fashion commencent à se former ici et là. Le mouvement international "Fashion Revolution" a permis aussi d'étendre le combat à un plus large spectre.

Depuis adolescente (j'ai 37 ans aujourd'hui), j'ai toujours préféré m'habiller vintage, dénicher de jolies pièces aux fripes ou dans des boutiques de seconde main. A l'époque, ce type de comportement avait une image peu glorieuse, nous passions tout simplement pour des pauvres. Mais même avec mes bonnes habitudes, il faut aussi reconnaître que j'avais envie parfois de me fondre dans la masse, porter le dernier fichu à la mode, et ai eut bien du mal à éviter la fast fashion.

Elle est partout, quoi qu'on en dise.
Je me souviens d'un jour où je cherchais désespérément un cardigan fin en maille, pour les soirées printanières. J'étais pressée, je partais au Liban deux jours plus tard, et avais complètement oublié d'en chercher. J'ai d'abord fait des magasins de seconde main, je ne trouvais que des gros pulls en laine et acrylique. Puis, j'ai parcouru le net de fond en comble à la recherche de marques éthiques qui proposeraient ce type de produit, vu que je n'en fait pas chez Najen. (ndlr: Les productions de maille se faisant surtout en grosse usine, avec des minimums de commandes importants, ce n'est actuellement pas dans mes projets).
Même constat: rien trouvé sur les sites de mode éthique. J'ai donc entrepris de coudre moi même un fin gilet, mais faute de temps, j'ai fini chez H&M où je n'avais plus mis les pieds depuis une décennie. Il y avait exactement ce que je cherchais, mais mon énergie était amère de devoir acheter un tel produit que moi même, je condamne si souvent. Heureusement, je suis quelqu'un de soigneuse, et je garde mes vêtements de nombreuses années. Ce petit cardigan, qui avait au moins le mérite d'être en matière 100% naturelle, restera donc très longtemps dans mon dressing et sera ensuite recyclé par mes soins. C'est ma maigre consolation.

Pourquoi étais je amère?
Pour ceux qui sont nouveaux dans la slow fashion, je vous explique en quelques points:
1. L’industrie textile est l’une des plus polluantes au monde après l'agroalimentaire. La surconsommation de textile de moindre qualité a un impact écologique et social considérable. Elle représente à elle seule 2 % des émissions de gaz à effet de serre. Soit plus que les trafics internationaux aériens et maritimes réunis !
Dans le monde, 62 millions de tonnes de vêtements sont vendus. Pour la plupart, portés maximum quatre fois avant d'être jetés. Seuls 20% d'ente eux sont recyclables. Ce n'est pas une surprise, étant donné que souvent dans ces enseignes, les collections sont fabriquées en tissu synthétique, avec des matières dérivées du pétrole.
Et cela risque de ne va pas s'arranger vu que, selon certains experts, on risquerait bien de passer à 102 millions d'ici peu, soit une augmentation de 63%. Je préfère néanmoins rester positive et me fier à d'autres experts qui, eux, soulignent l'importance du nouveau phénomène de déconsommation et la tendance du zéro déchet comme des facteurs encourageants pour l'avenir.

2. Dans ce modèle fast, on veut vendre toujours plus. Ainsi, Zara et H & M, par exemple, changent leur arrivage toutes les deux semaines au lieu de toutes les saisons. Conséquence: surconsommer est devenu une habitude banale ancrée dans une certaine normalité. Nous nous sentons blasé, noyons nos émotions dans le "surshopping". Puis, insatisfaits, nous reconsommons. Chaîne sans fin. Ou pas.

3. Ce point est aussi primordial qu'écoeurant : les conditions de travail dans lesquelles évoluent les ouvriers du secteur. Vous pensez vraiment qu'ils ont des équipements de protection lorsqu'ils s'exposent à des teintures ultra chimiques?
Avez vous déjà vu les images de ces employés indiens, au visage attaqué par le cancer de la peau?
Même constat que les agriculteurs de coton non bio : ils travaillent en famille, parmi lesquelles des enfants de moins de douze ans qui travaillent au champs, sans protection, à pulvériser toute la journée des pesticides. La plupart meurent jeunes.
Tout ça pour que l'on puisse acheter un tshirt au prix plus bas qu'un sandwich.
Ci dessus: une famille de producteurs de coton en Inde. Auparavant, avec la culture conventionnelle, Raj Reddy souffrait de plusieurs maux: migraines, étourdissements, maladies de peau. Des ennuis qui ont disparu depuis qu'il est passé à l'agriculture biologique en 2004. Photo: Isabelle Ducas.

Ci dessus: Un producteur de coton pulvérise son champs de pesticides. Source: film "The true cost".
4. Revenons à l'effet écologique: Toutes ces matières, produites dans une énorme pollution, bourrées de pesticides cancérigènes pour les producteurs et potentiellement dangereuses à porter pour le consommateur, salissent également les nappes phréatiques lorsque les vêtements passent dans notre lave linge. Evidemment...
Ce phénomène serait responsable de 20 % de la pollution des eaux dans le monde.
L'espoir: la déconsommation et la tendance zéro déchet actuelle...
J'espère que cette tendance ouvre réellement les consciences et marque le début d'une nouvelle façon de consommer, plutôt qu'un énième effet de mode qui risquerait de s'estomper.
Ce n'est pas parce que vous avez été un certain type de consommateur toute votre vie que vous ne pouvez pas changer. Vous avez juste accepté ce que la norme et la société avait prévus pour vous. Il n'y a rien de honteux à cela et vous ne devriez pas culpabiliser. Tout comme moi, lorsque j'ai acheté ce cardigan chez H&M. J'ai d'abord cherché d'autres pistes, et faute de temps, j'ai dû me plier à la facilité. Pourtant je suis styliste d'une marque de mode éthique.
Personne n'est parfait. Et c'est heureux. Ne vivez pas dans un mensonge juste pour "faire bien".
On a tous acheté ce genre de marques un jour. Comprendre les enjeux est déjà un bon début.
Vous mettre la pression ne fera qu'augmenter votre stress. Faites entrer le slow dans votre vie, petit à petit, et ça tombe bien, car si j'ai créé ce blog à côté de mes activités de styliste, où les journées sont déjà bien remplies, c'est certainement pour vous accompagner justement, sur le chemin de votre changement.
En douceur. En suivant cet espace, qui est aussi le vôtre, n'hésitez pas à partager vos doutes, vos ressentis, vos questions, ci dessous en commentaire. Je suis là pour vous aider au maximum.
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